Le chef cuisinier à l’origine du Restaurant St-Georges à Aalbeke souffle la 35e bougie de son établissement. Au-delà d’un trajet riche en expériences, c’est un parcours sans fautes en terre Flamande qui n’est pas près de s’achever.
Début de la soixantaine, le chef s’installe dans un des fauteuils qui est placé dans l’entrée du restaurant. Visage tendu, il vient de terminer le service du midi. Une fois installé il sourit en disant « j’aime quand le resto est complet, mais après on fatigue plus vite ». Envieux dès sa jeunesse de transmettre les saveurs gastronomiques à tout public, Laurent Windels, chef cuisinier, revient sur sa carrière lors d’un court entretien.
Inspiré très tôt par la gastronomie française et de ses plus grands noms, il s’apprête à faire son propre nom après avoir terminé ses études d’hôtellerie à Tournai en Belgique début des années 1980. Suivant les traces de son frère Vincent, il rentre au Palais royal. L’un rejoindra la garde personnelle de la famille royale, Laurent, lui, rejoindra l’équipe de cuisine. Il aura l’occasion de servir le Roi Baudouin, et la reine Fabiola de Mora y Aragón pendant quelques temps. Durant son passage à la cour il verra défiler d’autres noms qui ont marqués l’histoire et pour lesquels il aura eu l’honneur de travailler ne serait-ce que pour un service, notamment Grace Kelly, actrice américano-monégasque devenue princesse de Monaco.
Cela ne l’empêche pas d’aller faire ses preuves ailleurs pendant les weekend et jours de congés : « Même lors des permissions je ne m’arrêtais pas un instant, j’en profitais pour servir dans des banquets et restaurants de renom ». Il cite parmi d’autres des endroits tel que l’ancien étoilé T’Hoveke, le relais château Shamrock à Renaix et l'Hospice Comtesse à Lille. C’est dans le contexte de ce dernier qu’il aura servi Pierre Mauroy, ancien homme d’Etat français et Député du Nord. Aussi servira-t-il à différentes reprises dans les caves champenoises. « Un moment mémorable fût celui à la cave Laurent Perrier, lors duquel j’ai pu servir le Roi Charles III (détenant le titre de prince à l’époque) et son grand-père, Lord Mountbatten ».
Ces passages marquants de sa carrière impacteront positivement les années qui s’ensuivirent. Car sonnait l’heure de démarrer son propre restaurant. Pour cela il voulait à tout prix ouvrir un commerce en Flandre, région d’où Antoine, son père, était originaire. Aidant pendant quelques mois en cuisine dans un restaurant à Aalbeke, il ne s’imagine pas qu’il en deviendra propriétaire. Ses parents, Gabrielle Vandekasteele et Antoine, son oncle et sa tante, Gérard Vandekasteele et Ginette Bekaert, seront présents dès le départ pour le motiver à reprendre l’affaire. Ils vont à la rencontre de l’ancienne propriétaire et trouvent un accord assez rapidement.
Premier son de cloche en cuisine, en octobre 1988 commence l’aventure appelée Restaurant St-Georges. Non seulement c’est le rêve d’une vie qui se met en marche, mais c’est aussi une longue histoire de famille qui va s’ensuivre. Après avoir déposé ses valises à Aalbekeplaats 5, il y rencontre Nancy, originaire d’Aalbeke, qui devient sa femme en 1994. Le reste de l’histoire vous la connaissez, celle dans laquelle s’ajoutent deux fils, dont le plus âgé qui rejoint l’équipe de cuisine, et le plus jeune qui s’occupe de tout mettre en avant via les réseaux sociaux. Ce sont aussi 35 éditions de fêtes aux moules et alsaciennes, ainsi qu’autant de fêtes de fin d’années.
Il s’amuse à l’idée d’avoir survécu le fameux ‘bug de l’an 2000‘, « on nous a fait croire au pire scénario, mais je me souviens surtout d’un service unique dont je me souviendrais toute ma vie ». Mais les dernières crises étaient d’une toute autre ampleur que celle annoncée en 2000. Toutefois, le St-Georges tient tête à tout ces évènements majeurs. Travailler en famille est une partie de ce succès avoue-t-il : « Voir ma famille s’impliquer autant pour le rêve qui est le mien représente ma force et ma fierté ». C’est aussi en pouvant compter sur la fidélité de la clientèle d’Aalbeke et de ses environs que l’entreprise familiale a réussi à se moderniser au fil du temps. Il finit l’entretien en mentionnant un nouveau désir, celui de voir son fils lui succéder. « Ce serait un exploit de pouvoir faire résonner le nom Windels encore trente-cinq ans de plus, mais avec un autre chef cuisinier à sa tête ».
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